L’impact de l’environnement sur la fertilité

Perturbateurs endocriniens bien sûr, mais aussi mode de vie… L’environnement détient irréfutablement des conséquences sur la fertilité. Si la prise de conscience est déjà bien avancée, les chiffres restent néanmoins préoccupants et l’infertilité s’avère croissante. Sensibilisation et conseils préventifs recueillis auprès des Docteures Silvia Alvarez, Pascale Mirakian et Fleur Delva au cours de la journée de l’infertilité du 6 novembre 2021.

L'impact de l'environnement sur la fertilité

Infertilité et crise climatique

Plus de 25 millions. C’est le nombre de patientes affectées par l’infertilité en Europe. À l’issue de la COP-26, la volonté de sensibiliser les couples est plus présente que jamais de la part des professionnels de santé.

 

En effet : « Il y a un lien direct entre l’accroissement de l’infertilité et la crise climatique », annonce d’emblée la Docteure Silvia Alvarez, gynécologue-obstétricienne au Centre d’AMP de Marseille, qui ajoute : « Le dérèglement climatique met en danger les femmes enceintes, les fœtus et la santé reproductive des femmes et des filles. » Le ton est donné.

 

Le rôle des perturbateurs endocriniens

« En cas d’exposition, les perturbateurs endocriniens représentent une bombe à retardement », avertit de son côté, la Docteure Pascale Mirakian, gynécologue spécialiste de la reproduction à l’hôpital Natecia de Lyon.

 

La spécialiste développe : « Ils interfèrent avec le fonctionnement de notre système hormonal, en se fixant notamment sur nos récepteurs d’hormones sexuelles et thyroïdiennes. Résultat ? Notre fertilité, la grossesse et notre descendance en pâtissent. »

 

Un problème d’autant plus angoissant que les perturbateurs endocriniens sont désormais partout, aussi bien en milieu urbain que rural et surtout, dans l’ensemble de nos habitations : « Plus de 80 substances chimiques sont présentes dans nos assiettes, aussi bien de la part des aliments eux-mêmes par le biais des pesticides, qu’à cause de leurs emballages qui, s’ils sont chauffés, libèrent des substances toxiques », ajoute Pascale Mirakian qui poursuit cette sombre énumération : « Tabac, alcool et obésité sont, chacun à leur manière, des réservoirs de perturbateurs endocriniens. »

 

Conséquences sur la fertilité

Les effets dévastateurs des polluants et, plus largement, de l’état du climat sont déjà remarquables dans ce que la Docteure Alvarez appelle « la vie réelle ». Plus particulièrement rattachés à la fertilité, ces effets sont déjà légion : augmentation des cas d’endométriose, d’insuffisance ovarienne ou de dérèglement ovarien (plus précisément, les ovaires qui travaillent moins ou plus que la normale attendue), augmentation également du nombre de fausses couches.

 

Du côté des hommes ? Augmentation des cas de testicules ectopiques (lorsque le testicule est absent des bourses et situé en-dehors de son trajet normal de migration) et de cancer des testicules, diminution du nombre et de formes normales de spermatozoïdes… Et perturbation des tentatives d’aide médicale à la procréation.

 

« Lors de la première consultation d’AMP, nous procédons à un interrogatoire pour en savoir plus sur les habitudes de vie et le degré d’exposition aux perturbateurs endocriniens de nos patients. En outre, nous effectuons un dosage de biomarqueurs pour évaluer plus précisément à quel point ils peuvent en subir les conséquences. Mais c’est compliqué d’avoir un aperçu complet par ce biais, car il peut y avoir des effets même à faible dose d’exposition », déplore Pascale Mirakian.

 

Une situation qui paraît inextricable ; et pourtant (et heureusement), malgré l’omniprésence des polluants dans notre vie de tous les jours, des moyens simples pour les éviter sont à portée de main. En faire des habitudes quotidiennes représente ainsi l’une des clés pour préserver sa fertilité et, plus largement, sa santé.

 

Conseils préventifs et sensibilisation

Il est naturellement recommandé d’appliquer ces conseils dès la préconception, voire dès que possible : « Il faut absolument que les couples réduisent au maximum les facteurs toxiques de leur quotidien. En agissant de la sorte, cela peut amener à des grossesses spontanées, sans avoir besoin d’AMP », témoigne et encourage Silvia Alvarez.

 

Infertilité : gare aux produits consommables !

Première cible ? Le tabac : « On y trouve du plomb, qui représente un frein important à la fertilité, notamment en empêchant les gamètes de bien fonctionner », détaille l’experte. La consommation excessive d’alcool incarne, elle aussi, un frein à une fertilité pleinement fonctionnelle. Réduire un maximum sa consommation de tabac et d’alcool s’avère donc indispensable pour la préserver.

 

Autre champ d’investigation dans la chasse aux polluants ? L’alimentation : « Autant que faire se peut, il faut privilégier les produits comportant un écolabel, bien laver et peler les fruits et légumes et limiter la consommation de graisses animales et de fruits de mer, réputés pour être particulièrement pollués », recommande Pascale Mirakian.

 

Les habitudes du quotidien

Côté récipients et ustensiles, il y a également du travail : « D’une manière générale, il faut absolument éviter le téflon, une matière reconnue comme dangereuse car toxique, mais encore très présente sous nos toits. Il faut également éviter de réchauffer les barquettes plastiques au micro-ondes ; barquettes dans lesquelles sont contenus de nombreux plats cuisinés. D’ailleurs, ces derniers sont également à éviter un maximum car ils contiennent des substances toxiques au niveau de leurs composants, en particulier certains conservateurs. »

 

Enfin, au niveau hygiène de vie, les Docteures Alvarez et Mirakian recommandent unanimement de pratiquer du sport quotidiennement (4 heures par semaine, au minimum), ainsi que de privilégier l’utilisation de produits cosmétiques bio. Ultime conseil à appliquer tous les jours et pas seulement en période de crise sanitaire ? Bien aérer son intérieur tous les jours, deux fois par jour, pendant une dizaine de minutes environ : « Car les perturbateurs endocriniens se diffusent également par l’intermédiaire de parfums d’intérieur, de produits d’entretien ou de certains composants émanant de mobilier neuf », alerte Pascale Mirakian.

 

Infertilité : prévenir avant de soigner

Informer le plus grand nombre des risques encourus pour la fertilité, sensibiliser aux dangers de la crise climatique et mettre en place les moyens de lutter contre l’exposition aux polluants : tels sont les combats menés par de nombreux professionnels de santé, spécialistes de la fertilité en tête. « Dans les pays scandinaves, une forte sensibilisation est mise en place dès l’adolescence. En France, l’information devrait non seulement être diffusée auprès de ce public, mais aussi auprès des parents. D’une manière générale, la fertilité et les risques qu’elle encourt devraient être abordés à chaque consultation de contraception », préconise Sylvia Alvarez.

 

Prévention et sensibilisation : l’exemple du Centre Artémis

Prévenir et sensibiliser le plus tôt possible ? Un avis que partage la Docteure Fleur Delva, médecin de santé publique qui constate :

« La médecine est tellement axée sur le soin qu’il est compliqué de faire de la prévention. » C’est justement la donne que les centres Artémis, dont Fleur Delva est la coordinatrice à Bordeaux, ont vocation de changer.

 

D’abord né à Bordeaux en 2016 et aujourd’hui présent à Marseille, Créteil, Paris et Rennes, en plus de trois autres centres actuellement en création, le réseau Artémis s’articule autour d’un objectif principal : faire de la prévention en santé environnementale auprès des patients souffrant de troubles de la fertilité.

Le principe ? Les médecins recevant des patients avec une exposition professionnelle aux toxiques clairement identifiée, les adressent au centre Artémis le plus proche. « À l’issue d’un interrogatoire qui nous permet de mieux évaluer leur degré d’exposition, nous leur délivrons des conseils de prévention adaptés à leur situation, en leur remettant un compte-rendu de nos échanges », décrit Fleur Delva.

Une méthode qui porte ses fruits : « Apporter ces connaissances en amont, rassure 85% de nos patients », affirme la coordinatrice du centre Artémis bordelais.

 

L’impact de l’environnement, en particulier des polluants et des perturbateurs endocriniens, sur la fertilité ne fait plus de doute. Non seulement, ces toxiques provoquent des troubles de la fertilité, mais ils entraînent également l’augmentation de certaines pathologies, telles que l’endométriose ou le cancer des testicules. Fait d’autant plus anxiogène que la présence des perturbateurs endocriniens est installée tout autour de nous.

 

Pourtant, la fatalité n’est pas de rigueur : nombreux sont les moyens de limiter un maximum notre exposition à ces toxiques, et donc leurs effets sur notre fertilité. Être sensibilisé à ces problématiques le plus tôt possible, est aussi l’une des clés pour préserver sa fertilité.

L’analyse de Sandie Boulanger, relaxologue et sexothérapeute

 

> Pourquoi la libido est compliquée lorsqu’on souffre d’endométriose ?

Lorsqu’il y a douleurs répétées, le cerveau vient naturellement à les intégrer comme réflexes de survie. Ainsi, lorsque les rapports ont pu être douloureux, il se produit une anticipation réflexe de celles-ci. L’appréhension vient contracter les muscles nombreux de la zone pubo-génitale. Il est alors complexe pour le cerveau de sécréter également des hormones de plaisir. Le désir se retrouve alors grandement atrophié. Comment avoir envie d’un moment que l’on redoute !

C’est un premier pas vers l’entretien de la libido. Garder en tête que la sexualité n’est pas une obligation mais une communication plaisante entre deux personnes, quelles que soient les pratiques.

Alors que la maladie demande une observation fine des déclencheurs de douleurs, la sexualité est à l’opposée. Elle demande d’être « vierge » de toutes mémoires négatives, pour être attentive au moment présent et s’y adapter.

> J’ai entendu parler de l’importance de la mobilité du bassin ? pouvez-vous nous en dire plus ?

La mobilité du bassin est un deuxième pas pour entretenir son désir. En effet, avoir un bassin souple permet aux muscles détendus de pouvoir s’oxygéner lors de la montée du désir et du plaisir. Un objectif délicat quand on sait que la douleur contracte les muscles. La respiration profonde et lente est un allié précieux dans ces moments-là. La pratique de sports et activités douces comme le Pilate, la danse ou le yoga, vont permettre de détendre le bassin. On peut également, à la maison, pratiquer l’exercice du 8 couché, avec son bassin. Pour plus de facilité, on démarre avec un cercle, comme si on faisait du cerceau (ce fameux hula hoop) pour progressivement dessiner le signe de l’infini du 8 couché.

Un autre pas pour alimenter son désir est de garder « la main » sur les moments d’intimité. Ainsi dégagée de la peur d’avoir un rapport, la femme peut être plus libre de sentir quand le moment est plus favorable à l’érotisme et la sensualité. Il est nécessaire de communiquer clairement avec sa ou son partenaire pour déculpabiliser et normaliser les difficultés de désir et de plaisir.

Comment faciliter le dialogue ?

Pour faciliter le dialogue délicat de la sexualité, il est parfois préférable de prévoir un rendez-vous, souvent plus facile à l’extérieur de la maison (endroit neutre) et poser clairement l’ordre du jour : « Parlons de sexe ! Serais-tu d’accord ? ».

Toujours commencer la discussion par des choses positives : ce que j’aime dans notre intimité c’est…

Puis aller dans le vif du sujet :
– la façon dont je me sens dans notre sexualité c’est…
– ce qui est difficile pour moi c’est… et ce que j’imagine de la façon dont tu te sens c’est… est-ce ça ?
– ce dont j’aurais besoin pour me sentir à l’aise, c’est de …

Et terminer par :

  • Que penses-tu de tout ça ?
  • As-tu des idées pour que nous puissions faire grandir notre sexualité ensemble ?

L’endométriose est une maladie, pas une vue de l’esprit. Plus on se sent en confiance en gardant le lead sur les moments intimes, plus le mental peut recréer des souvenirs positifs et permettre la détente musculaire du bassin. Un cercle vertueux, fluctuant certes, mais qui mérite d’être essayé… avec la participation active du conjoint.

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