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Les conséquences sur la fertilité d’une exposition au bisphénol A confirmées scientifiquement

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Victoria Louvel
Rédactrice Santé

Les conséquences néfastes des perturbateurs endocriniens sur la fertilité ne sont plus un mystère. Une équipe scientifique de l’Inserm a souhaité analyser en profondeur l’impact du bisphénol A en particulier, perturbateur endocrinien reconnu et interdit, sur la fertilité dès la naissance. Leurs résultats sont irréfutables : les neurones à GnRH, qui régulent les fonctions reproductrices, sont perturbés dès une faible exposition au bisphénol A.

Les conséquences sur la fertilité d’une exposition au bisphénol A confirmées scientifiquement

L’importance des neurones à GnRH pour la fertilité

Parmi les innombrables neurones présents dans notre cerveau, se trouvent les neurones à GnRH dont la fonction est essentielle : réguler nos fonctions reproductrices et donc notre fertilité. Ces neurones se développent dès le stade embryonnaire. Ce sont eux qui, tout au long de la vie, dirigeront les différentes étapes associées à la reproduction, de la puberté à l’âge adulte.

 

Pour « travailler » de façon optimale, les neurones à GnRH ont également besoin du soutien d’un autre type de cellules neurales : les astrocytes. La rencontre entre neurones à GnRH et astrocytes avant de pouvoir « collaborer » ensemble, survient à un moment bien précis : à partir d’une semaine après la naissance chez les mammifères dont nous faisons partie. Les premières sécrétions d’hormones sexuelles ont donc lieu à ce moment-là.

 

« Un échec de l’intégration des neurones à GnRH lors de la mini-puberté peut entraîner une prédisposition à développer des troubles de la puberté et/ou de la fertilité, mais aussi affecter potentiellement le développement du cerveau et ainsi entraîner des troubles de l’apprentissage ou encore des désordres métaboliques tels qu’un surpoids », prévient Vincent Prévot, directeur de recherche à l’Inserm et auteur de l’étude.

 

Malheureusement, cette étape décisive dans le développement et en particulier dans celui de nos fonctions reproductrices, est particulièrement sensible aux perturbateurs endocriniens.

 

Conséquences du bisphénol A sur la relation neurones à GnRH et astrocytes

Pour rappel, le bisphénol A est particulièrement présent dans certains récipients alimentaires en matières plastiques, comme les bouteilles et les biberons, ou les films de protection à l’intérieur des canettes et des boîtes de conserve. Il est interdit en France depuis 2015, mais est toujours présent dans notre environnement, à cause de la lente dégradation des matières plastiques « mais également car il se trouve dans des contenants alimentaires achetés avant 2015 et qui ont été conservés. Avec le recyclage des déchets, le bisphénol A contenu dans des plastiques datant d’avant 2015 a également pu se retrouver dans des produits neufs », ajoute Vincent Prévot.

 

Au cours de leurs recherches, les scientifiques ont injecté de faibles doses de bisphénol A à des rats femelles pendant 10 jours après leur naissance, en ayant marqué leurs astrocytes au préalable. Conséquences ? Les astrocytes ne parviennent pas à s’associer (ou s’arrimer) durablement aux neurones à GnRH, ce qui entraîne par la suite des retards dans la puberté ainsi qu’une absence de cycle menstruel. La fertilité des petits rongeurs est donc clairement et indéniablement affectée, même à la suite d’une faible exposition au bisphénol A.

 

« Nos résultats soulèvent l’idée que l’exposition précoce à des produits chimiques en contact avec les aliments, tels que le bisphénol A, peut perturber l’apparition de la puberté et avoir un impact durable sur les fonctions reproductrices, en empêchant les neurones à GnRH de construire, dans l’hypothalamus, un environnement approprié et nécessaire à leur rôle de chef d’orchestre de la fertilité », explique Ariane Sharif, Maître de Conférences à l’Université de Lille et co-directrice de l’étude.

 

Prochaine étape dans ces recherches ? Comprendre précisément par quel mécanisme le bisphénol A empêche les neurones à GnRH et les astrocytes de s’associer. Et plus largement, de découvrir l’action et les traces laissées par ce perturbateur endocrinien sur l’ADN. 

Plus d’informations sur le site de l’Inserm.