Parcours de fertilité : tout savoir sur le bilan hormonal
Marie de Crécy
Gynécologue médicale et membre du conseil d’administration de la Fédération Nationale des Collèges de gynécologie médicale.
@Victoria Louvel
Rédactrice Santé
Lorsque la grossesse tarde à venir, effectuer un bilan hormonal avec son gynécologue est une étape indispensable du parcours de fertilité. Quand a-t-il lieu ? En quoi consiste-t-il ? Pourquoi l’effectuer ? Réponses avec la Docteure Marie de Crécy, gynécologue médicale et membre du conseil d’administration de la Fédération Nationale des Collèges de gynécologie médicale.
Quand effectuer un bilan hormonal ?
Si le bilan hormonal est un inconditionnel du parcours de fertilité, le moment pour l’effectuer est bien précis : « Il ne faut évidemment pas l’effectuer avant d’avoir essayé de concevoir, et pas avant au moins un an d’essai », prévient la Docteure Marie de Crécy qui précise :
« Sauf, bien sûr, s’il y a des antécédents particuliers tels qu’endométriose, fausses couches à répétition, maladies chroniques, antécédents de traitements oncologiques, ou encore insuffisance ovarienne familiale. Par ailleurs, si la patiente est âgée de plus de 38 ans, ce délai peut être raccourci à 6 mois. »
La prise de sang qui fait partie du bilan hormonal, doit avoir lieu en début de cycle, plus précisément le deuxième ou le troisième jour, « afin d’avoir une idée de la réserve ovarienne », explique la gynécologue médicale.
Une deuxième prise de sang pourra ensuite être effectuée en seconde partie de cycle, soit le quatrième ou le sixième jour après l’ovulation, pour en apprécier la qualité. « D’où l’intérêt d’effectuer en amont des courbes de température sur plusieurs cycles – au moins pendant 3 mois – pour bien connaître son cycle menstruel », recommande Marie de Crécy qui poursuit : « Avant d’affirmer un diagnostic, il est important de renouveler les examens. »
En quoi consiste le bilan hormonal ?
Vous l’aurez sans doute déjà compris, le bilan hormonal consiste en un bilan sanguin. Mais ce dernier est associé à une échographie pelvienne et à un examen clinique : « C’est l’interprétation de ce triptyque qui permet d’établir un diagnostic », décrit la Docteure de Crécy.
« Lors de la première prise de sang – le deuxième ou troisième jour du cycle -, le médecin contrôle plus particulièrement les taux de FSH (hormone folliculo-stimulante essentielle à la production et la maturation des follicules, et au bon fonctionnement des ovaires, d’une manière générale, NDLR), de LH (sécrétée par l’hypophyse comme la FSH, c’est le pic de cette hormone qui provoque l’ovulation, NDLR), d’AMH (ou hormone anti-müllerienne, qui reflète la quantité des ovocytes disponibles et donne une bonne indication sur l’âge ovarien, NDLR). Un bon rapport entre le taux de FSH et de LH est important pour apprécier la qualité de l’ovulation. »
Autre hormone analysée ? « La TSH (hormone thyréostimulante ou thyréostimuline, NDLR) car la thyroïde a également de l’influence sur l’ovulation. Seront également contrôlés : le taux d’œstradiol (l’un des oestogènes sécérétés par l’ovaire, NDLR), de progéstérone, sécrétée après l’ovulation par le corps jaune ; et de prolactine (hormone à l’origine de la production de lait pendant la grossesse et après l’accouchement, NDLR). »
Au sujet de la vérification du taux d’AMH en particulier, la spécialiste précise : « Les résultats concernant cette hormone ne sont prédictifs que dans le cadre des traitements d’AMP (Assistance Médicale à la Procréation, NDLR). Il est donc indispensable de les comparer avec les résultats de l’échographie. »
Cette dernière vient justement compléter le bilan hormonal : « L’échographie pelvienne permet de regarder, en début de cycle donc, le nombre de follicules susceptibles de se développer. Il permet aussi de vérifier qu’il n’y a pas de pathologie utérine », décrit la gynécologue médicale.
Troisième élément associé au bilan hormonal ? L’examen clinique qui correspond à un interrogatoire mené par le médecin, mais aussi à l’étude plus approfondie par ce dernier, de la morphologie de chacun des membres du couple. « L’interrogatoire et l’examen clinique sont indispensables pour la bonne interprétation du bilan avant de poser un diagnostic », rappelle la Docteure de Crécy.
Bilan hormonal : l’interprétation des résultats
Si l’ensemble des résultats est bon et qu’il n’y a pas de symptômes particuliers en parallèle, les essais naturels pour concevoir pourront reprendre. Maximiser ses chances en ayant des rapports réguliers, en particulier durant la période ovulatoire déterminée grâce à une bonne connaissance de son cycle ; le tout en ne se mettant pas la pression et en essayant de ne pas se focaliser sur cette future grossesse, devrait finalement permettre au couple de réaliser son rêve.
Mais certains résultats interpelleront le médecin plus que d’autres, surtout s’ils sont associés à des symptômes ou à des signes cliniques. Par exemple ? « Une prolactine trop élevée associée à de l’aménorrhée, risque de bloquer l’ovulation. De plus, il faut savoir que cette hormone est particulièrement sensible au stress et peut également augmenter avec la prise de certains médicaments, comme les neuroleptiques. De même, si le taux de FSH est trop élevé, on pense rapidement à une insuffisance ovarienne prématurée qui provoque assurément une diminution de la fertilité. »
La Docteure Marie de Crécy rappelle néanmoins : « Un seul bilan hormonal ne suffit pas pour tirer des conclusions et établir un diagnostic. On le renouvelle sur un autre cycle, voire plusieurs si le doute persiste, avant de diagnostiquer. Mais en général, s’il y a une quelconque pathologie, certains signes cliniques sont forcément présents. Il faut également interpréter tous ces résultats en adéquation avec l’interrogatoire et l’examen. »
A noter qu’en ce qui concerne les hommes, le bilan hormonal vient dans un second temps, après avoir effectué, tout d’abord, un spermogramme.
Le bilan hormonal est une étape incontournable pour chacun des membres du couple lancé depuis au moins un an dans son parcours de fertilité. Composé d’une prise de sang, d’une échographie et d’un interrogatoire associé à un examen clinique, il peut être renouvelé plusieurs fois, mais toujours aux mêmes moments du cycle menstruel, en cas de doute et tant que le médecin ne peut établir son diagnostic.
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