Les techniques de FIV ou ICSI, comme tout geste médical, ne sont jamais à l’abri d’éventuels risques ou complications. Mais, à comparer avec la majorité des pratiques médicales, les AMP sont relativement peu risquées.
En effet, les suites qui se transforment en complications graves sont vraiment rares, leur probabilité ne montant même pas jusqu’à 2% des cycles. 

Cependant, malgré le faible pourcentage de risques, tu dois connaître les potentiels effets secondaires afin de pouvoir les identifier plus rapidement.  

LES COMPLICATIONS LES PLUS COMMUNES D’UNE FIV

  • L’hyperstimulation (HSO)

Une hyperstimulation peut se produire chez les femmes à la réponse ovarienne très élevée lors du traitement de stimulation. Cela équivaut à un grand nombre de follicules en échographie et plus d’une vingtaine d’ovocytes à la ponction.

En réalité, les cycles de FIV se situent à la frontière de l’hyperstimulation, à partir du moment où la réaction à la stimulation est élevée. Cela arrive plus souvent chez les femmes les moins âgées, mais aussi chez les femmes qui ont une dystrophie ovarienne, soit de gros ovaires avec plusieurs petits kystes, et celles dont le bilan hormonal montre une grande concentration d’hormones AMH (>5 ng), LH (>10 mUI) et testostérone (>0,60 pg).

L’hyperstimulation peut être observée à travers :

  • Une forte augmentation du volume des ovaires
  • Une retenue d’eau : dans le cas d’une rétention très importante, des épanchements de liquide sont observés dans l’abdomen, occasionnellement autour des poumons. De plus, des déséquilibres sont visibles dans la composition sanguine. À surveiller s’ils ne sont pas corrigés.

L’hyperstimulation peut déjà avoir lieu pendant la stimulation, bien que les symptômes n’apparaissent généralement qu’après la ponction et le plus souvent dans les situations de grossesse.

Si jamais l’hyperstimulation est déjà observée lors de la procédure, elle ne deviendra sévère que si elle est suivie d’un déclenchement de l’ovulation par Gonadotrophines Chorioniques ou Ovitrelle. C’est pour cette raison qu’il est parfois préférable d’annuler les cycles hyperstimulés, afin de rester prudents et de prévenir efficacement toute complication indésirable.

Après la procédure, les symptômes d’hyperstimulation peuvent apparaître sous différentes façons :

  • Prise de poids : il s’agit d’un des meilleurs indicateurs. Si tu dépasses +3 kg, on peut certainement parler d’hyperstimulations sévères.
  • Sensation de gonflement
  • Gêne abdominale
  • Augmentation du tour de taille
  • Éventuelles difficultés à respirer

Si tu te reconnais dans ces symptômes, n’hésite pas à prendre rendez-vous chez ton gynécologue ou te rendre directement aux urgences. Tu vas alors devoir procéder à un bilan sanguin et à une échographie le plus vite possible. Ces deux tests indiqueront si une simple surveillance de ton état est nécessaire, ou si une hospitalisation est indispensable.

Tout dépend de la gravité, car les hyperstimulations modérées ne demandent pas de soins particuliers, mis à part quelques jours de repos. L’hospitalisation est nécessaire uniquement pour les cas sévères, afin de corriger les problèmes survenus à l’aide de perfusions, ou par des ponctions d’ascite ou de plèvre. Généralement, un traitement anticoagulant accompagne les soins administrés.

Au bout du compte, l’hyperstimulation finit toujours par se dissiper et le fonctionnement naturel des ovaires se rétablit après 15 à 30 jours (ou plus, si une grossesse est en cours).

Malgré ces quelques désagréments et inconforts plus ou moins importants qui peuvent survenir, avec les traitements modernes, les risques restent tout à fait minimes. D’ailleurs, aucun mort à la suite d’une Fécondation In Vitro n’a jamais été enregistré en France. Le risque plus ou moins fréquent reste la formation de caillots dans les veines (thromboembolique), mais cette situation se règle grâce à des traitements anticoagulants.

  • Les grossesses multiples

Les grossesses multiples sont possibles à la suite d’une FIV, et ce risque augmente la probabilité d’une grossesse pathologique ou prématurée.

Le taux de grossesse est fortement lié avec la quantité d’embryons transférés dans l’utérus, la plupart des cas de grossesses multiples sont la conséquence du transfert de plus d’un embryon. Elles sont surtout observées lorsque les patientes sont jeunes et les embryons morphologiquement parfaits.

En France, les chiffres indiquent qu’environ 20 % des grossesses dues à une FIV portent des jumeaux, et moins de 1% sont à l’origine de triplés ou quadruplés.

Pour éviter des risques de grossesses multiples, les professionnels de santé privilégient la prudence, en ne transférant qu’un ou deux embryons à la fois. Quoiqu’il arrive, cette approche évitera au moins l’apparition de triplés ou quadruplés.

  • Le risque infectieux

Un risque d’infection est toujours présent lorsque les ovocytes sont prélevés par ponction vaginale. La réactivation d’une infection des trompes peut se produire, ou bien la contamination par un microbe qui a survécu à la désinfection préalable du vagin.

Il s’agit d’un problème qui survient le plus souvent en cas d’hydrosalpinx (trompe bouchée remplie de liquide), de kystes endométriosiques, d’antécédents d’infection ou de chirurgie pelvienne.

Il est à noter que n’importe quel geste qui inclut l’introduction d’un objet tierce dans l’utérus ouvre inévitablement le corps à des risques d’infection. Le risque ne peut donc pas être exclu durant l’insémination ou le transfert embryonnaire. Cependant, la fréquence de telles complications infectieuses graves est inférieure à 1%.

Les urgences sont à consulter si de fortes douleurs abdominales surviennent ou si tu as de la température après une ponction, un transfert embryonnaire ou d’une insémination. À ce moment, un traitement antibiotique devra être entamé.

Parmi les infections possibles, il peut y avoir : une infection de l’utérus (endométrite), des trompes (salpingite), plus rarement de pelvi péritonite ou d’abcès de l’ovaire (nécessitant un traitement antibiotique et souvent une cœlioscopie). Cette série de complications peut amener à la suppression d’une trompe et, dans des cas très exceptionnels d’abcès, d’un ovaire. Malheureusement, tu peux avoir quelques séquelles au niveau de ta fertilité.

Pour éviter un tel scénario, le vagin est méticuleusement désinfecté juste avant la ponction et des antibiotiques sont prescrits pour lutter contre une éventuelle infection en tant que prévention.

Quant au risque de transmission d’une maladie comme l’hépatite B ou C ou le Sida, il est presque nul en AMP, puisqu’il existe une obligation d’utiliser uniquement du matériel jetable lors de toutes les procédures. De plus, un contrôle systématique des sérologies est mis en place avant toute prise en charge.

 

LES COMPLICATIONS DE LA FIV : LES CAS EXCEPTIONNELS

  • Le risque thromboembolique

En augmentant fortement le taux d’œstrogènes lors du traitement de stimulation ovarienne, le risque thromboembolique est inévitablement accru, bien qu’il reste rarissime chez les femmes sans facteurs de risque. S’il se manifeste, ce sera sous forme d’apparition de phlébites, d’embolie pulmonaire, voire d’accidents vasculaires cérébraux.

Mais, le risque est tout de même plus élevé en situation d’hyperstimulation ovarienne sévère (avec épanchement liquidien intra-abdominal) et chez les femmes à risque, soit plus âgées, soit avec des antécédents de phlébite ou d’embolie pulmonaire, une résistance à la protéine C activée, une résistance à la protéine S, ou encore un déficit en antithrombine 3…

Le plus souvent, il est question d’une phlébite, soit des membres inférieurs, soit des membres supérieurs. Ces derniers deviennent douloureux, augmentant de volume, rougissant et se chauffant. Si tu remarques de tels symptômes, n’hésite pas à te rendre aux urgences. Normalement, tu seras mise sous anticoagulant, il s’agit du traitement de base qui dure plusieurs semaines.

Pour éviter tout risque de thromboembolique, un bilan complet est fortement recommandé avant d’entamer l’AMP chez les femmes à risque. Si des risques sont confirmés, une prévention par anticoagulant pourra être administrée suffisamment à l’avance.

  • Les potentielles allergies

Comme tous les médicaments, ceux délivrés en FIV peuvent potentiellement être à l’origine de réactions allergiques. Elles restent néanmoins peu fréquentes et généralement peu graves.

Les produits qui pourraient éventuellement provoquer une réaction allergique sont les antagonistes Cetrotide® et Orgalutran®. Il est uniquement question d’allergie locale avec une réaction cutanée. Ces réactions sur la peau sont éphémères et ne demandent pas la mise en pause de la procédure générale.

Quant aux allergies graves, elles sont rares et pour la plupart imprévisibles. La seule manière d’éviter toute complication est en mentionnant à l’avance toute allergie connue, surtout celles à l’iode, aux antibiotiques et aux anesthésiques locaux. Tu peux le faire lors de ta consultation chez ton gynécologue, qui te donnera une fiche de recherche d’allergie, que tu pourras ensuite remettre à l’infirmière du service lors de l’hospitalisation pour la ponction.

  • Les hémorragies

Une petite hémorragie dans l’abdomen a toujours lieu puisque la ponction des ovaires se compose de l’introduction d’une aiguille dans l’utérus, organe très vascularisé. Mais, dans la grande majorité des cas, aucune conséquence ne découle de ce geste.

Toutefois, si l’hémorragie est un peu plus importante, elle peut provoquer quelques douleurs persistantes pendant plusieurs jours, tels qu’un ballonnement abdominal avec constipation ou des douleurs dans les épaules. Cependant, une hémorragie résultant d’une ponction ne peut que très rarement amener à accomplir une cœlioscopie, et elle ne survient en général que dans les 24 heures qui suivent.

  • Les risques de cancer

Les risques de cancer ont été l’objet d’une grande quantité de recherches pour répondre à l’inquiétude des patientes qui craignent que les hormones utilisées pour la stimulation ne leur provoquent un cancer à long terme.

D’après les conclusions des scientifiques, les traitements utilisés en FIV ne multiplient pas la probabilité d’un tel cancer. Au contraire, les femmes stériles ont un risque naturel plus élevé de cancer de l’endomètre et de l’ovaire, mais ce dernier est ramené presque à la norme dans le cas où la FIV permet d’obtenir un accouchement.

Pour le cancer du sein, aucune augmentation de risque n’a été prouvée.

Concernant le cancer du col utérin, il est provoqué par un virus. Il n’y a aucune relation possible avec les traitements d’AMP.

La stimulation ovarienne peut avoir des conséquences et des effets secondaires sur ton corps et ton organisme. Cependant, tu es accompagnée par des professionnels et conseillée par des experts. Des analyses et des vérifications sont faites en amont pour éviter d’éventuelles difficultés. Si tu en ressens le besoin, n’hésite pas à échanger avec les équipes médicales sur tes peurs et tes doutes.  

@Marine Alves

Continuer sur Le Guide de la Conception

Pour aller plus loin dans