Infertilité : état des lieux et perspectives 2021-2022

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@Victoria Louvel
Rédactrice Santé

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« L’infertilité est un enjeu de société qui doit tous nous mobiliser », a déclaré Gabriel Attal, porte-parole du Gouvernement lors de l’ouverture de la journée de l’infertilité du 6 novembre dernier. Une déclaration appuyée par des chiffres préoccupants et qui concernent bel et bien le plus grand nombre : un couple sur quatre est concerné par l’infertilité.

Où en est-on actuellement dans la sensibilisation et la lutte contre ce trouble ? Quelles sont les perspectives auxquelles s’attendre ? Réponses à voix multiples dans cet article.

Infertilité état des lieux et perspectives 2021-2022

Infertilité : ce que l’on constate

Plus de 25 millions : c’est le nombre de personnes affectées par l’infertilité en Europe. Et cette dernière peut s’expliquer par de nombreux aspects. En tête de ceux relevés par les médecins qui traitent l’infertilité ? L’âge. En effet, la prise en charge des couples survient de plus en plus tardivement.

L’âge et ses conséquences sur la fertilité

« La moyenne d’âge des couples là où je travaille est de 36,8 ans », témoigne le Docteur Chadi Yazbeck, gynécologue-obstétricien spécialisé dans le traitement médical et chirurgical de l’infertilité du couple à l’Institut Reprogynes, à Paris.

« Ce chiffre est en constante augmentation et les problèmes de santé qui en découlent sont plus conséquents. Cela devient donc de plus en plus difficile de diagnostiquer et de traiter ces publics », poursuit-il.

Augmentation des risques de fausse couche et des risques d’anomalies chromosomiques sont quelques-unes des conséquences reconnues d’une grossesse tardive. « Mais l’âge de l’homme compte aussi ! » avertit la Professeure Florence Boitrelle, andrologue et biologiste qui poursuit : « 18% des grossesses se déroulent avec un futur père âgé de plus de 40 ans. Or, il peut y avoir des conséquences de  l’âge de l’homme sur cette grossesse. En effet, la qualité, le volume et la concentration en spermatozoïdes du sperme diminue à partir de 45 ans. Il y a deux fois plus de risques de faire une fausse couche lorsque le futur père a dépassé cet âge. »

 

Zoom sur les causes médicales d’infertilité

Anovulation, insuffisance ovarienne, syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), perméabilité des trompes, polypes, fibromes ou encore synéchies dans l’utérus sont autant de troubles risquant d’augmenter avec l’âge, et qui portent atteinte à la fertilité féminine. « Plus récemment, on constate l’augmentation des cas d’endométrite chronique, une inflammation chronique liée à des germes pouvant coloniser la paroi utérine », déplore le Dr Yazbeck. 

Du côté des hommes, un pourcentage en rappel : 40% des causes d’infertilité sont masculines. « Ces dernières années encore, on observe une diminution des paramètres de fécondité du sperme », ajoute Chadi Yazbeck.

Infertilité dite inexpliquée : ce que cela recouvre

30% des infertilités sont qualifiées d’inexpliquées par les professionnels de santé. Pourtant, d’après le Docteur Yazbeck, ce pourcentage pourrait diminuer si une pathologie en particulier était davantage diagnostiquée : “ Plus nombreux qu’on ne pense sont les cas d’endométriose cachés derrière l’étiquette d’infertilité inexpliquée. Cette pathologie n’est pas assez évoquée, alors qu’elle provoque bien souvent l’infertilité en plus des douleurs”. 

Avant de diagnostiquer une infertilité inexpliquée, le médecin devrait systématiquement vérifier qu’il n’y a pas d’endométriose sous-jacente. Plus largement, une infertilité inexpliquée peut finalement trouver son explication si l’on cherche bien. » Docteur Yazbeck

Un avis partagé par la Professeure Micheline Misrahi, généticienne au Kremlin-Bicêtre : « Une centaine de gènes sont responsables de l’insuffisance ovarienne, notamment. Si l’on prenait en compte tous ces gènes, on pourrait révéler la véritable cause d’une infertilité inexpliquée chez 35% des patientes. Cela permettrait de leur donner un pronostic de fertilité concret et d’ainsi les rassurer. » 

Infertilité : les nouvelles pratiques pour la diagnostiquer et la traiter

La bonne nouvelle face à l’infertilité ? Grâce aux progrès techniques et technologiques de la médecine et de la science, les examens sont plus précis ; ainsi que le diagnostic et le traitement qui en découlent. C’est notamment le cas en présence d’un SOPK ou d’une endométrite chronique.

« Pour cette dernière, nous bénéficions de tests et d’examens spécifiques qui permettent de bien la diagnostiquer, puis la traiter. On pratique notamment une hystéroscopie (exploration de l’intérieur de l’utérus, dilaté avec du sérum physiologique, à l’aide d’un endoscope : long tube fin muni de lentilles optiques et d’une mini-caméra à son extrémité, NDLR) et une biopsie ciblée. Bien traitée, cette pathologie permet d’être enceinte naturellement, sans passer par la PMA », explique le Docteur Yazbeck.

 

Infertilité : la recherche avance aussi

Ajoutons également à cela les recherches actuelles et prometteuses effectuées par les cliniques de reproduction Ivi, sur les différents moyens de retarder le vieillissement des ovocytes. Une raison d’espérer pour les patientes atteintes d’insuffisance ovarienne, de ménopause précoce, ou qui subissent les conséquences d’une chimiothérapie.

 

Pour détecter l’endométriose aussi, la recherche progresse, malgré la moyenne de 7 ans entre le ressenti des premières douleurs et le diagnostic d’un spécialiste : échographies en 3D, bilans biologiques spécifiques, formation de radiologues et de gynécologues spécialisés dans cette pathologie sont autant de solutions qui tendent à se développer pour lutter contre cette maladie. « Ces dernières années, la prise de conscience augmente au sujet de l’endométriose. Elle fait d’ailleurs partie du plan de fertilité 2022 qui vise à diminuer le temps d’errance médicale avant de la diagnostiquer, afin que les patientes puissent bénéficier d’un traitement personnalisé », énonce Chadi Yazbeck.

Concernant les hommes, si le spermogramme demeure l’examen incontournable pour dépister une infertilité, d’autres tests plus spécialisés, notamment pour étudier la fragmentation de l’ADN du sperme en cas d’azoospermie (lorsqu’il n’y a quasiment pas voire pas de spermatozoïdes dans le sperme), peuvent être pratiqués.

Pour toutes ces recherches, l’innovation technologique est la meilleure alliée des médecins gynécologues, radiologues, chirurgiens, généticiens et biologistes. L’objectif à terme ? Déterminer si certains patients sont prédisposés ou non, à développer certaines pathologies. Un travail préventif qui va de pair avec la sensibilisation qui, elle, concerne tout un chacun.

 

Infertilité : tous sensibilisés !

Sensibiliser le plus tôt possible : tel est le souhait formulé par de nombreux professionnels de santé. « Des cours devraient être dédiés à cette question dès le collège. Ils ne sont pas encore directement concernés, du fait de leur âge, mais la connaissance de ces sujets est importante », préconise le Professeur René Frydman, gynécologue-obstétricien des hôpitaux de Paris et professeur des universités, qui déplore le manque d’informations auprès de certaines de ses patientes en âge de procréer : « Ce n’est plus possible aujourd’hui de ne pas savoir que l’âge est un facteur d’infertilité important ! Pourtant, il y a des femmes qui ne le savent pas encore réellement et qui, parfois, le découvrent trop tard… »

Le Professeur Frydman ne manque pas d’idées pour que ce message soit diffusé : « La sécurité sociale devrait envoyer automatiquement à toutes les femmes dont l’âge se situe autour de 33 ans, un message informatif comme elle le fait pour le cancer du sein ou du côlon. Il s’agit avant tout d’apporter une connaissance au public. Une fois qu’il l’a reçue, il l’utilise comme il l’entend. ».

Sensibiliser le plus tôt possible, c’est également l’objectif des campagnes de communication lancées par le laboratoire Merck, en collaboration avec la Professeure Nathalie Massin, gynécologue spécialiste en AMP au CHU de Créteil. La campagne « Protège ta fertilité » a été lancée sur Instagram en 2019, à destination des 18-24 ans. Une première du genre qui a touché 1/3 des jeunes. Cette année, forte de son succès, cette campagne se décline pour les plus de 25 ans.

 

La sensibilisation est l’un des points annoncés par le Gouvernement pour son plan de fertilité 2022 précédemment évoqué. Une stratégie déjà pratiquée par de nombreux professionnels de santé, au contact de leurs patients concernés par l’infertilité.

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