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Facteurs environnementaux : un impact différent en fonction du genre

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Victoria Louvel
Rédactrice Santé

C’est ce que révèlent plusieurs études menées par l’Inserm autour d’une problématique commune : mieux connaître et expliquer les répercussions des facteurs environnementaux sur la population, en tenant notamment compte du genre des individus. L’ensemble de ces premiers (nombreux) résultats et les recherches à venir, ont été actualisés par l’Institut.

 

1 homme 1 femme

Multiplication des recherches et exposome

23%.

C’est le pourcentage de décès et de maladies chroniques causés par des facteurs environnementaux.

 

Partant de ce constat, le quatrième plan national «mon environnement, ma santé » a été lancé en octobre 2020, dans lequel de nombreuses recherches de l’Inserm, dont certaines toujours en cours, tiennent une place, avec des enjeux, majeurs.

 

Toutes s’articulent autour d’un dénominateur commun : l’exposome. « Il s’agit de l’ensemble des expositions chimiques, physiques, biologiques, mais aussi celles liées aux cadres de vie et de travail, auxquelles est soumis un individu tout au long de sa vie », définit Catherine Vidal, neurobiologiste et responsable du groupe « Genre et recherche en santé » du comité d’éthique de l’Inserm.

Dès le lancement de ce projet, la distinction de genre s’est imposée, compte tenu des premiers résultats observés : il y a bien un « effet genre » de l’environnement sur la santé des individus.

Autrement dit, notre sensibilité aux facteurs environnementaux n’est pas la même et n’a pas les mêmes conséquences sur notre santé, selon que l’on soit un homme ou une femme.

 

Le covid, un révélateur « d’effet genre » 

« L’actuelle crise sanitaire […] a souligné des vulnérabilités féminines spécifiques », poursuit Catherine Vidal. Si les femmes meurent moins du covid que les hommes, « il faut […] inclure l’âge, les comorbidités, les conditions de vie et de travail, le pays d’origine […] et analyser finement les conséquences sanitaires, économiques et sociales de la crise sur les personnes », préconise la neurobiologiste. C’est chose faite, notamment à-travers les études Sapris (Santé, perception, pratiques, relations et inégalités sociales en population générale pendant la crise Covid-19) et Epicov (Épidémiologie et conditions de vie). Parmi leurs résultats ? Entre mai et début juin 2020, 4,5% de la population française avait été infectée par le covid, mais ce taux montait à 11,4% pour les professionnels du soin, dont une majorité de femmes.

 

De nouvelles pistes pour expliquer l’infertilité ?

Plusieurs études, en particulier la récente Esteban (Étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition), souligne la plus grande exposition des femmes, dès le début de leur vie, à des composants tels que le cadmium (métal présent en industrie ainsi que dans les crustacés), les parabènes (conservateurs) et les éthers de glycol (solvants) ; à l’inverse, les hommes présentent une plus grande sensibilité aux composés perfluorés (que l’on retrouve dans des imperméabilisants textiles ou certains emballages alimentaires, par exemple).

D’autres recherches ont également étudié le lien entre l’exposition des mères et celle des deux parents, à certains toxiques, et les effets à long terme sur leurs enfants (troubles de l’attention, notamment) jusqu’à l’adolescence de ces derniers.

Mais si l’on étudie les facteurs environnementaux pendant la grossesse, qu’en est-il lorsque cette dernière n’arrive pas encore ? Quelles différences d’impact les facteurs environnementaux ont-ils sur chaque membre du couple ? Des questions comme des défis, auxquels compte bien répondre l’Inserm qui reconnaît le manque actuel d’études sur la fertilité féminine, en particulier.

 

Ces études, encore à venir donc, qui permettront de mieux connaître les facteurs environnementaux influant sur la fertilité féminine et masculine, promettent déjà d’être déterminantes dans la future prise en charge de ces patients.