Adapter son alimentation en cas d’endométriose

EXPERT
@ Raphaël Gruman
(nutritionniste)

@Angéline Galinier-Warrain
Rédactrice Santé

L’endométriose est une maladie inflammatoire chronique très paralysante qui peut générer de fortes douleurs. Une alimentation anti-inflammatoire et antioxydante fait partie des solutions naturelles qui pourraient améliorer le quotidien de nombreuses femmes.

Longtemps ignorée, et particulièrement difficile à vivre, l’endométriose se caractérise par la présence de cellules de l’endomètre en dehors de l’utérus. Normalement, (hors période d’ovulation) les cellules qui tapissent l’utérus sont rejetées pendant les règles et renouvelées lors de chacun des cycles menstruels. En cas d’endométriose, ces cellules ne sont pas rejetées et se propagent dans des zones inhabituelles (ovaires, trompes, péritoine, les zones situées entre la vessie, l’utérus et le vagin et celles localisées entre le vagin et le rectum).

QU’EN EST-IL AUJOURD‘HUI DE LA PRISE EN CHARGE DE L’ENDOMÉTRIOSE ?

Réponse de Raphaël Gruman : « Depuis quelques années, l’endométriose est vraiment considérée par les médecins. Cette pathologie a longtemps été négligée malgré un grand nombre de patientes se plaignant de ces troubles. »

 

Ainsi, au moment des règles, les cellules vont se détacher et ces saignements seront à l’origine de réaction inflammatoire, responsable des fortes douleurs. Plus le tissu endométrial se propage dans d’autres organes, plus l’inflammation grossit.

Selon la localisation des cellules, les symptômes sont variables : douleurs abdominales le plus souvent, mais aussi douleurs digestives quand l’endométriose s’étend sur les intestins, le colon et le rectum.

 

Les symptômes digestifs liés à l’endométriose sont généralement :

  • Une alternance de diarrhée / constipation, aggravé lors des règles ;
  • Des douleurs lors de la défécation ;
  • Plus rarement la présence de sang dans les selles ;
  • Des occlusions possibles ;

Dans de nombreux cas les symptômes sont seulement le résultat de l’inflammation qui accompagne une endométriose superficielle localisée à proximité du rectum.

Enfin, de nombreuses personnes présentant une endométriose ont également des symptômes digestifs similaires aux maladies digestives fonctionnelles (côlon irritable) ou inflammatoires (maladie de Crohn, Rectocolite hémorragique).

 

S’il n’existe pas encore de conseils diététiques officiels pour la prise en charge de cette affection, la mise en place d’un programme d’alimentation spécifique antioxydante et anti-inflammatoire, peut donner des résultats impressionnants sur l’inflammation qui est un facteur aggravant de l’endométriose. 

 

ENDOMÉTRIOSE, QUELS SONT LES ALIMENTS À PRIVILÉGIER ?

> Les acides gras Omega-3 

Les aliments riches en oméga-3 EPA, DHA d’origine animale et les oméga-3 végétaux sont des précurseurs de molécules anti-inflammatoires. On trouve ces oméga-3 dans des poissons gras tels que saumons, maquereaux, sardines, harengs et anchois. Ils peuvent réduire le niveau de l’hormone prostaglandine dans l’organisme. On retrouve des oméga-3 végétaux dans les huiles de noix, de lin, de colza, de cameline et de chanvre et dans les oléagineux (noix, pistaches, noix de cajou, noisettes, amandes…).

Pour atteindre l’apport conseillé, il faut inclure ce type de poissons dans son régime alimentaire, deux fois par semaine, en privilégiant les petits poissons gras moins à risque de pollution que les gros. En complément, assaisonner ou cuisiner avec des huiles végétales vierge, de première pression à froid : noix ou colza, riches en acide alpha-linolénique (ALA), dont l’organisme transforme une partie en EPA et DHA.

> Les fruits et légumes

Ces aliments sont riches en vitamines C et E et en polyphénols. Ce sont des composés anti-oxydants et parfois anti-inflammatoires.

Leurs fibres participent à réduire le taux sanguin d’œstrogènes, hormones impliquées dans l’endométriose et à améliorer l’équilibre du microbiote intestinal. Il est souhaitable de consommer au moins cinq fruits ou légumes en alternant crudités et fruits crus, plus riches en micronutriments, et fruits et légumes cuits, plus doux pour les intestins. Consommer des légumes et des fruits bio et si possible de saison.

Les traitements chimiques aux pesticides et autres insecticides sont des perturbateurs endocriniens présents partout dans notre environnement et sont donc une cause directe de l’endométriose. 

 

ENDOMÉTRIOSE : QUELS SONT LES ALIMENTS À ÉVITER ?

> Les acides gras saturés (viande, beurre, margarine, fromage) encouragent la formation des prostaglandines (substances présentes dans de nombreux organes) pro-inflammatoires. Elles se repèrent essentiellement dans les aliments industriels comptant parmi leurs ingrédients des “huiles ou matières grasses partiellement hydrogénées” : pains de mie, viennoiseries, barres chocolatées, pâtes à tarte, biscuits.

 

> Le lait de vache

Il n’y a pas de corrélation statistiquement significative entre leur consommation et les douleurs endométriotiques. Privilégiez des produits laitiers plutôt maigres, de chèvre et de brebis car ils contiennent aussi des hormones mais sont de meilleure qualité. En revanche, si vous constatez que tous les produits laitiers (vache, chèvre, brebis) vous causent des douleurs, éliminez-les totalement.

 

> La viande rouge et la charcuterie

Ces aliments sont riches en fer, dont l’excès a un effet pro-inflammatoire au niveau des intestins. Ils renferment également des graisses saturées, qui favoriseraient également l’inflammation. Ainsi, il faut favoriser la viande blanche tel que le poulet, la dinde.

 

> L’alcool

La consommation d’alcool augmente légèrement les taux d’œstrogènes, il y a donc un lien entre sa consommation et le risque d’endométriose. Et comme l’alcool accroît également la perméabilité intestinale… de l’inflammation se crée.

 

> Le sucre

Eviter au maximum le sucre, sous toutes ses formes, surtout le sucre raffiné car il favorise l’inflammation et la douleur de l’endométriose. Préférez un bon miel, de la compote de fruits ou du sucre de canne, de bouleau, de fleurs de coco, dans la limite du raisonnable bien entendu.

 

> Le gluten

Limiter le gluten de son alimentation contribuerait à un meilleur confort digestif et soulagerait les douleurs abdominales liées à l’endométriose. Le gluten crée une hyperperméabilité intestinale provoquant de l’inflammation.

Vous pouvez les remplacer par les légumineuses, lentilles, haricots secs, pois cassés, petits pois, fèves, les céréales sans gluten que sont le riz, le millet.

 

> La caféine

Il n’existe pas de preuve forte entre caféine et endométriose, les données restent contradictoires quant à leur interaction avec les œstrogènes. En revanche, on sait que la caféine rallonge les délais de conception et participe à la baisse de la fécondité. Attention à la caféine dans le coca, les thés et les boissons énergisantes.

Limiter au maximum les produits industriels. Le fait maison, il n’y a rien de mieux…

AVIS D’EXPERTS : Raphaël Gruman

En conclusion, « L’alimentation et la micronutrition sont les solutions les plus efficaces pour diminuer les symptômes (troubles digestifs, douleurs…). En adoptant une alimentation anti-inflammatoire sur quelques semaines, les résultats peuvent être spectaculaires. De véritables protocoles alimentaires et de supplémentation sont désormais proposés aux patientes diagnostiquées. Des réseaux diététiques se sont également constitués avec des thérapeutes formés à traiter ces troubles. Alors n’attendez plus pour consulter un professionnel qui pourra vous apporter des solutions adaptées ». Raphaël Gruman.

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